logo blog LegiPermis

Les 5 profils de conducteurs en matière de sécurité routière (étude US)

Les différents profils en matière de sécurité routière, d'après une étude américaine.
Les 5 profils de conducteurs en matière de sécurité routière (étude US)

En 2023, la AAA Foundation for Traffic Safety a réalisé une étude (Using Latent Class Analysis to Identify High-Risk Driver Prototypes, Part 2: Crash Risk and License Outcomes Associated with Each Prototype) auprès de 2700 conducteurs américains afin d’analyser les comportements à risque sur la route. Les résultats mettent en évidence un décalage évident entre la perception du danger et la réalité des pratiques sur la route. Avec des comportements allant de la “simple” distraction à la conduite sous l’empire de drogues.

Distraction au volant : entre perception et contradiction

Les chiffres révèlent une forte conscience du danger associé à l’usage du téléphone en conduisant.

  • 93 % des conducteurs estiment que lire ou envoyer des textos est très dangereux.
  • Pourtant, 27 % admettent envoyer des SMS/emails, 37 % en lire, et 36 % parler avec un téléphone en main.
  • L’utilisation de la fonction mains libres, bien que moins perçue comme dangereuse (16 %), concerne 59 % des conducteurs.

Face à ces constats, une large majorité (80 %) soutient l’interdiction de tenir un téléphone en conduisant, mais seuls 42 % seraient favorables à bannir la technologie mains libres.

Vitesse et agressivité : vers une normalisation inquiétante

  • 81 % jugent que griller un feu rouge est très dangereux, et 89 % condamnent la conduite agressive.
  • Seulement 49 % perçoivent la vitesse excessive sur autoroute (15 mph au-dessus de la limite) comme très dangereuse, et 61 % en zone résidentielle.

Malgré cette tolérance relative, 50 % des conducteurs reconnaissent avoir roulé trop vite sur autoroute dans le dernier mois. La désapprobation sociale envers ces comportements reste faible, avec seulement 45 % soutenant l’usage de caméras pour verbaliser les excès de vitesse.

Alcool et drogues : des perceptions contrastées

  • 95 % des conducteurs considèrent la conduite en état d’ivresse comme très dangereuse, mais 7 % ont tout de même adopté ce comportement récemment.
  • 70 % estiment que conduire après avoir consommé de la marijuana (cannabis) est très dangereux, et 6 % ont admis cette pratique.

La différence de traitement entre alcool et marijuana illustre un paradoxe notable. D’un côté, 95 % des conducteurs jugent l’alcool au volant très dangereux ; de l’autre, seuls 70 % estiment que la marijuana (le cannabis THC) au volant l’est tout autant, alors que ces deux substances altèrent significativement les réflexes et la concentration.

Cette disparité soulève plusieurs interrogations. La marijuana bénéficie-t-elle d’une certaine “banalisation”, notamment dans les États où son usage est légalisé ? La sensibilisation aux risques réels de la marijuana, encore trop faible, pourrait expliquer une sous-estimation générale de son impact sur la conduite.

Le téléphone au volant, un fléau sur la route.
Le téléphone au volant, un fléau sur la route. (image générée par IA)

Typologie des conducteurs à risque : cinq catégories majeures

Pour mieux cibler les contre-mesures, le Traffic Safety Culture Index 2023 distingue cinq profils de conducteurs, chacun présentant ses spécificités et ses points de vigilance.

1. Les conducteurs prudents (34,9 % de l’échantillon)

Cette catégorie, la plus importante en nombre, adopte rarement des comportements à risque. Majoritairement âgés de 60 à 74 ans, souvent retraités et conduisant peu (0 à 2 jours par semaine), ils sont très sensibles à la dangerosité de la vitesse, de la distraction ou de la conduite sous influence. Les conductrices y sont majoritaires.

2. Les conducteurs distraits (19,0 % de l’échantillon)

Ces conducteurs se caractérisent par une utilisation fréquente du téléphone au volant. Âgés de 40 à 59 ans, majoritairement féminins, ils sont parents et vivent souvent dans le Sud des États-Unis, en zone non métropolitaine. Leur perception du risque lié à la distraction est plus faible, d’où une conduite quasi quotidienne (6 à 7 jours par semaine).

3. Les conducteurs en excès de vitesse (32,6 % de l’échantillon)

Ils tolèrent davantage la vitesse et n’hésitent pas à dépasser la limite aussi bien sur autoroute qu’en zone résidentielle. Âgés de 40 à 59 ans, principalement des hommes, souvent mariés sans enfants, ces conducteurs résident majoritairement dans le Nord-Est. Leur perception du danger de la vitesse est moins élevée que chez les conducteurs prudents.

4. Les conducteurs distraits et agressifs (11,0 % de l’échantillon)

Jeunes adultes (25-39 ans), célibataires avec enfants à charge et vivant en zone métropolitaine, ils cumulent distraction (usage du téléphone) et agressivité au volant (changement rapide de voie, vitesse excessive). Le parc automobile de ce groupe est constitué de véhicules récents et plus équipés en technologies de sécurité, mais ils ont souvent été impliqués dans des accidents récents (moins de deux ans).

5. Les conducteurs les plus dangereux (2,5 % de l’échantillon)

Bien qu’ils ne représentent qu’une infime partie, ces conducteurs combinent plusieurs comportements à risque : vitesse, somnolence, conduite sous l’influence de substances. Principalement âgés de 16 à 18 ans, masculins, peu diplômés, résidant dans les zones rurales du Sud des États-Unis et conduisant des véhicules anciens, leur faible perception du danger rend toute forme de prévention d’autant plus cruciale.

Le tableau récapitulatif de ce que chaque type de conducteur fait

Le tableau ci-dessous précise la fréquence à laquelle les conducteurs interrogés avouent s’être engagés dans différents comportements à risque au cours des 30 derniers jours.

Tableau  Au cours des 30 derniers jours, à quelle fréquence avez-vous…?
Type de conducteurs Comportements au volant Régulièrement (%) Assez souvent (%) Quelques fois (%) Une seule fois (%) Jamais (%)
Distraits Conduit en tenant et en parlant au téléphone portable 1,6 3,5 20,0 10,4 64,5
Conduit en lisant un SMS ou un e-mail sur un téléphone portable 0,9 3,4 22,5 10,2 63,0
Conduit en tapant manuellement ou en envoyant un SMS / e-mail 0,8 2,4 15,5 7,9 73,3
Parlé / envoyé un SMS / e-mail avec une technologie mains libres (Bluetooth, CarPlay, etc.) 9,7 13,4 30,2 5,9 40,8
Agressive Conduit à 15 mph (env. 24 km/h) au-dessus de la limite sur autoroute 5,0 8,2 28,1 7,9 50,8
Conduit à 10 mph (env. 16 km/h) au-dessus de la limite dans une zone résidentielle 2,6 4,2 22,9 6,6 63,7
Passé un feu juste passé au rouge alors que vous pouviez vous arrêter en toute sécurité 0,2 0,7 10,1 15,9 73,0
Conduit de manière agressive en changeant de voie rapidement et/ou en suivant de très près un autre véhicule 0,4 1,4 12,5 7,5 78,3
Somnolence / Influence Conduit alors que vous étiez tellement fatigué(e) que vous aviez du mal à garder les yeux ouverts 0,1 0,7 8,4 10,3 80,5
Conduit alors que vous pensiez dépasser la limite légale d’alcool 0,0 0,2 3,0 4,2 92,6
Voyagé en voiture avec quelqu’un qui avait trop bu 0,0 0,1 3,1 3,2 93,6
Conduit moins d’une heure après avoir consommé du cannabis 1,0 0,5 2,7 0,8 95,0
Conduit en prenant des médicaments d’ordonnance pouvant altérer la capacité de conduire 0,2 0,4 1,5 0,7 97,2
Autre Conduit sans porter de ceinture de sécurité 2,1 1,7 6,2 2,4 87,6
Source des données: aaafoundation http://aaafoundation.org/wp-content/uploads/2024/11/202412-AAAFTS-2023-Traffic-Safety-Culture-Index.pdf

Des stratégies de prévention à adapter selon les profils

Ces résultats soulignent l’importance d’agir simultanément sur plusieurs fronts. Les conduites à risque, en particulier la distraction et les excès de vitesse, doivent être ciblées par des mesures adaptées à chaque profil de conducteur.

Les campagnes de sensibilisation, visiblement plébiscitées par une partie de la population, gagneraient en efficacité si elles étaient renforcées par des sanctions proportionnées et par une évolution législative pour mieux encadrer l’usage des nouvelles technologies au volant. L’accent est clairement à mettre ici sur l’usage du téléphone au volant qui est une véritable plaie, notamment pour les plus exposés dans l’espace routier comme les motards, les cyclistes ou encore les piétons.

Enfin, la question de la conduite sous influence, qu’il s’agisse d’alcool, du cannacis ou des médicaments exige des actions de prévention et de contrôle renforcées, en tenant compte de l’évolution des mentalités autour de ces substances. Seule une approche globale, couplant éducation, infrastructures et dispositifs de surveillance, permettra de réduire significativement les accidents et de préserver des vies.

Trouver un stage de récupération de points proche de chez vous
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus populaire
Le plus récent Le plus ancien
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires