Nous l’avons vu, le nombre de morts sur les routes a augmenté de 3,7% en 2014, la société Axa Prévention a publié les résultats d’un sondage mené par TNS Sofres en fin d’année 2014 auprès de 1510 automobilistes. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les français semblent avoir relâché leur attention en ce qui concerne les dangers sur la route. Est-ce les bons résultats au fil des ans ou un message qui ne passe plus, la faute à une politique jugée trop répressive et centrée sur les radars automatiques ? Analyse.
L’alcool au volant et les français
L’alcoolémie est la première cause de mortalité sur la route, et la lutte contre l’alcool au volant est pour 47% des français l’axe prioritaire en vue de l’amélioration de la sécurité routière pour les prochaines années. 28% avouent conduire en dépassant le taux d’alcool légal (2 verres d’alcool, 0,5g d’alcool par litre de sang, et 0,2g/L pour les jeunes conducteurs à partir du 30 juin 2015). Ce chiffre était de 26% pour la même enquête il y a un an. Les français le savent, l’alcool continue de faire des ravages chez les 18-25 ans, les dernières mesures annoncées par Bernard Cazeneuve en ce qui concerne les jeunes conducteurs vont dans le bon sens.
L’usage du clignotant, facultatif pour la moitié des français
Ce chiffre fera bondir bon nombre de motards à n’en point douter. 50% des français avouent oublier le clignotant pour changer de direction, doubler ou tourner. Ce chiffre est en hausse puisqu’il était de 47% l’année dernière. Ce chiffre est très préoccupant et il reflète selon nous un axe majeur d’amélioration de la sécurité routière. C’est une infraction certes très difficile à relever pour les forces de l’ordre par rapport à un excès de vitesse, et si une technologie automobile était à développer, cette dernière serait très compliquée à implémenter car elle devrait deviner et anticiper les intentions du conducteur. Il faut sensibiliser impérativement sur cette problématique au même titre que sur le respect des distances de sécurité.
Plus des 3/4 passent à l’orange
78% ! C’est le pourcentage des sondés qui avouent ne pas s’arrêter systématiquement au feu orange. Rappelons que l’on doit s’arrêter au feu jaune (l’autre nom du feu orange) sauf si l’on ne peut “s’arrêter dans des conditions de sécurité satisfaisantes”. Il suffit de prendre la route en ville pour se rendre compte que systématiquement nombre de conducteurs accélèrent au lieu de ralentir à l’approche du feu orange. C’est un comportement plus que classique. On peut même aller plus loin, certains automobilistes “se font klaxonner” s’ils n’obéissent pas à l’attitude dominante…
Le téléphone au volant, le nouveau fléau de la sécurité routière
Téléphoner au volant, c’est multiplier le risque d’avoir un accident par 3, envoyer un sms, c’est le multiplier par 23 ! Pourtant, alors qu’il y a 10 ans 9 français sur 10 déclaraient que cette pratique était dangereuse, ils ne sont plus que 76% aujourd’hui. Ils sont 38% à avouer téléphoner au volant avec ou sans kit main libre, 23% à envoyer des sms et 1% déclarent jouer sur leur smartphone !
Vitesse et conduite dangereuse
Au programme des excès de vitesse, 44% des sondés déclarent rouler à plus de 65km/h en ville. La perception de la vitesse est néanmoins en amélioration en ce qui concerne les vitesses très élevées. Alors qu’ils étaient 29% à déclarer rouler à plus de 160km/h sur l’autoroute en 2004, ils sont désormais 19% aujourd’hui. On peut voir ici certainement un effet de la politique de déploiement des radars automatiques mis en place depuis 2003.
Toujours sur autoroute, la fatigue au volant est encore un problème. C’est même la principale cause de mortalité sur cet axe routier. 47% des français déclarent rouler souvent en étant trop fatigué alors qu’ils sont 85% à trouver cette pratique dangereuse. Paradoxe quand tu nous tiens.
L’incivilité au volant
L’incivilité au volant comme le danger, c’est toujours les autres. Des paroles que l’on entend très souvent lors des stages de sensibilisation à la sécurité routière. Pourtant, 51% ne cèdent pas la priorité aux piétons sur les passages protégés, 26% disent ne pas respecter la priorité à droite, 18% se garent fréquemment sur les trottoirs et 67% disent s’énerver ou insulter les autres conducteurs. C’est du propre !
On le voit au travers de ces indicateurs, un des critères très important en ce qui concerne la sécurité routière est l’acceptabilité des mesures mises en place par les autorités. Tant que la sécurité routière sera prise pour “une machine à cash”, il sera difficile d’améliorer considérablement les chiffres et de tendre vers les 2000 morts à l’horizon 2020, ce qui est pourtant l’objectif du ministère de l’intérieur. Bon nombre de réponses, qui ont le mérite d’être honnêtes, sont aujourd’hui semblables à de véritables actes de défiance.