L’intelligence artificielle est partout y compris bientôt dans la sécurité routière. En France, le gouvernement de Michel Barnier prévoit de moderniser drastiquement les radars. Ce projet s’inscrit dans le projet de loi de finances de 2025. Cette innovation, déjà utilisée dans certains pays, suscite des interrogations : comment ces technologies fonctionneront-elles ? Quels sont les bénéfices attendus, et quelles critiques soulèvent-elles ?
3 nouvelles infractions dès 2025 ?
Dès 2025, certains radars automatiques pourraient détecter 3 nouvelles infractions grâce à l’intelligence artificielle :
- l’utilisation du téléphone au volant ;
- le non-port de la ceinture de sécurité ;
- le non-respect des distances de sécurité ;
Le projet de loi de finances 2025 prévoit un investissement de 46 millions d’euros en ce sens. Cet argent servira à moderniser et entretenir le parc de radars existants et à en installer de nouveaux. Le nombre de radars en France passera donc de 4 000 à 4 160 en 2025.
Les 4160 radars de 2025
Extrait de l’annexe du PLF 2025, Contrôle de la circulation et du stationnement routiers :
- 300 radars fixes d’anciennes générations (dispositifs de contrôle du respect des vitesses limites autorisées). Ces matériels sont progressivement remplacés ;
- 700 radars discriminants (radars fixes permettant de distinguer les vitesses des véhicules légers de celle des poids lourds) ;
- 30 radars vitesse moyenne, aussi appelés radars tronçons (radars permettant de mesurer la vitesse moyenne d’un véhicule sur un tronçon de route de plusieurs kilomètres) ; Ces matériels, obsolètes, sont remplacés par les autres technologies. Un matériel de remplacement est en cours de conception ;
- 300 radars feux rouges d’ancienne génération et 30 radars passages à niveau (radars permettant de sanctionner les franchissements illicites de passages à niveau). Ce parc est en décroissance régulière et sera abandonné et remplacé – avec un ré-analyse du risque – , au profit de radars multi-fonctions, essentiellement urbains ;
- 500 radars urbains actifs (contrôlant la vitesse et/ou le franchissement) ;
- 1500 radars tourelles actifs (contrôlant la vitesse ou le franchissement), qui représente le parc le plus important ;
- 550 radars autonomes de chantiers opérationnels (radars semi-fixes destinés à assurer un contrôle des vitesses dans les zones de chantier ou de danger temporaire et déplaçables) ;
- 800 itinéraires, pour un total de 12000 kms, dont 2000 emplacements de radars autonomes ;
- 100 radars mobiles « embarqués/débarqués » seront opérationnels (dispositifs de contrôle embarqués dans des véhicules mis à disposition des forces de l’ordre, et permettant des contrôles en mode embarqué ou débarqué, véhicule à l’arrêt).
- 150 voitures radars sont opérationnelles sur l’ensemble de la métropole (sauf la Corse et l’Île-de-France) avec une conduite externalisée
- Enfin, selon les capacités technologiques et l’homologation nécessaire, de nouvelles infractions pourront être déployées, sur plusieurs centaines d’équipements (inter-distance, non respect du port de ceinture, téléphone tenu en main).
Plutôt que de concevoir de nouveaux dispositifs, le gouvernement prévoit de mettre à jour les radars déjà installés.
Une fois opérationnelle, l’IA détectera les infractions et prendra des photos. Ces images seront ensuite validées par des agents assermentés avant la verbalisation, garantissant ainsi une fiabilité optimale. Le ministère de l’Intérieur espère atteindre un taux de précision supérieur à 95 %, similaire à celui des radars de covoiturage déjà déployés. Ces derniers utilisent l’IA pour compter le nombre de passagers dans les véhicules circulant sur des voies réservées.
A quoi ressemble le radar IA ?
Et bien, c’est en réalité le Mesta Fusion 2 dont nous avions déjà pris une photo il y a quelques années à proximité de Lyon. Ce bon vieux radar tourelle ! Je doute très fortement que le système d’IA soit intégré dans le radar, il sera dans un centre de traitement automatisé.
Des exemples à l’étranger
En Belgique, les radars équipés d’intelligence artificielle seront aussi déployés en 2025 et détecteront jusqu’à quatre infractions simultanément, comme les excès de vitesse, l’utilisation du téléphone au volant, le non-port de la ceinture et le non-respect des distances de sécurité.
Aux Pays-Bas, l’intelligence artificielle est utilisée pour réguler le trafic urbain, notamment à Rotterdam, où des capteurs installés sur les feux de circulation détectent le nombre de véhicules présents. Ces feux intelligents ajustent la durée des feux verts et rouges pour fluidifier la circulation et réduire les embouteillages.
La technologie Heads Up de la société Acusensus qui permet de détecter la vitesse, les conducteurs qui utilisent leur téléphone ou ne portent pas leur ceinture, a été déployée avec succès en Australie, en Angleterre ou en Caroline du Nord.
Ces exemples montrent que l’intégration de l’IA dans les radars routiers est une tendance mondiale. Il sera difficile d’arguer une politique du chiffre quand il s’agit de se prémunir de comportement aussi dangereux que l’usage du téléphone volant en main. Ce n’est pas les deux roues ou encore les cyclistes qui vous diront le contraire et qui paient toujours un lourd tribu.
Des critiques se font entendre (comme souvent)
L’intégration de l’intelligence artificielle dans les radars routiers des avantages, outre la systématisation de la détection de comportement irresponsables, l’automatisation des contrôles libèrera les policiers et gendarmes pour d’autres missions prioritaires, comme le dépistage d’alcool ou de stupéfiants l’autre gros fléau sur la route.
Cependant, ce projet n’est pas exempt de critiques. L’association 40 millions d’automobilistes dénonce une approche répressive qui met l’accent sur les sanctions plutôt que sur la prévention et l’éducation routière. Certains craignent également que cette technologie ne transforme les routes en zones de surveillance permanente, posant des questions sur le respect des libertés individuelles.