Répondre à l’urgence climatique ou simplement mode technologique, les voitures électriques commencent progressivement à envahir les routes de France. En Norvège, par exemple, elles représentent plus de 50% des nouvelles immatriculations. Une question cruciale se pose pour les automobilistes : quelle est la durée de vie d’une voiture électrique et particulièrement des batteries ?
Durée de vie d’une voiture électrique : mythes et réalités
Il est admis qu’une voiture électrique peut durer entre 10 et 15 ans (Sources: ICCT, EDF). La batterie est l’élément le plus important. Cela dépend de divers facteurs tels que les habitudes de conduite, le climat et bien sûr la fréquence de charge de la batterie. Cette durée correspond à entre 1000 et 1500 cycles de recharges.
Un moteur “increvable”
Le moteur électrique d’une voiture électrique a une durée de vie beaucoup plus longue que celle d’un moteur thermique ou diesel. En effet, avec moins de pièces mobiles, le moteur électrique est moins sujet à l’usure, ce qui peut lui permettre de parcourir jusqu’à 1 million de kilomètres, du moins en théorie. A titre de comparaison les moteurs diesel parcourraient 250 000 km en moyenne , et les moteurs essence 150 000 km. Le moteur n’est donc pas le facteur limitant. Il faut regarder du côté de la batterie.
Quelle est la durée de la batterie d’une VE ?
La batterie est l’élément le plus important de la durée de vie d’une voiture électrique. Elle peut représenter jusqu’à 40% du prix du véhicule. Le coût des batteries de voitures électriques a connu une hausse significative de 2021 à 2022 (source: IER). Cette hausse est due à divers facteurs, dont les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, les pénuries de matériaux, les sanctions sur les métaux russes et la spéculation des investisseurs.
En moyenne, une batterie de voiture électrique peut durer entre 10 et 15 ans avant de nécessiter un remplacement.
Des données sur 6300 véhicules électriques
Voici les points importants de données sur une flotte de 6300 véhicules acquis par Geotab en juin 2018, nous avons en effet des données anciennes pour les Tesla notamment. Voici quelques enseignements sur les batteries électriques pour ces voitures :
- La baisse moyenne de la capacité de la batterie était de 2,3% par an ;
- Avec les taux de dégradation des batteries constatés, la grande majorité des batteries dépasseront la durée de vie utile du véhicule ;
- Les batteries des véhicules électriques se dégradent de manière non linéaire. Il y a une chute initiale, mais le taux de déclin ralentit au cours des années suivantes ;
- Les batteries refroidies par liquide se dégradent plus lentement que les batteries refroidies par air. Par exemple, une Tesla Model S 2015 avec refroidissement par liquide avait un taux de dégradation annuel moyen de 2,3%, contre un taux de 4,2% pour une Nissan Leaf 2015 refroidie par air.
- Les véhicules à batterie qui ont de plus grandes réserves de charge se comportent mieux. En d’autres termes, certains constructeurs automobiles utilisent un pourcentage plus faible de la capacité de la batterie, ce qui réduit la portée utilisable.
- Une utilisation plus élevée du véhicule ne signifie pas nécessairement une dégradation plus élevée de la batterie.
- Les véhicules conduits dans des températures chaudes montrent une dégradation plus rapide de la santé de la batterie.
La capacité de la batterie à maintenir une charge diminue avec le temps.
Malgré les craintes, les batteries des voitures électriques ont tendance à durer plus longtemps qu’initialement prévu.
D’autres études vont dans ce sens
Une étude de Plug In America a révélé que la batterie d’une Tesla Model S ne perdrait que 5% de sa capacité initiale après les 80 000 premiers kilomètres. En outre, Consumer Reports estime que la durée de vie moyenne d’une batterie de voiture électrique est d’environ 320 000 kilomètres.
Quels sont les critères qui influent sur la durée de vie d’une batterie ?
La durée de vie de la batterie peut varier en fonction de plusieurs facteurs :
- La fréquence de charge et de décharge, c’est le nombre de cycles de la batterie, c’est de très loin le principal facteur de la dégradation de la batterie ;
- La technologie de la batterie ;
- Le fait de laisser sa batterie charger au delà de 80% ;
- Le fait de laisser sa batterie se décharger en dessous de 20 %;
- Le climat notamment la chaleur extrême est néfaste pour une batterie lithium-ion ;
Innovations technologiques : les batteries à l’état solide
Les fabricants de voitures électriques travaillent pour améliorer la technologie des batteries. Les batteries à l’état solide, par exemple, offrent une sécurité significativement plus importante que les batteries lithium-ion traditionnelles.
Les batteries à l’état solide offrent une densité énergétique améliorée, ce qui signifie qu’elles peuvent stocker plus d’énergie dans un espace plus petit, augmentant ainsi l’autonomie des VE.
Quid de Tesla ?
Le constructeur américain Tesla est assez avancé en matière de batterie électrique. La société a récemment introduit une nouvelle génération de batteries, connues sous le nom de “4680”, qui sont plus grandes et plus efficaces.
Ces batteries 4680 ont une densité énergétique plus élevée. Par exemple, la Model 3 équipée de ces nouvelles batteries pourrait voir son autonomie augmenter de 16%.
En plus de leur capacité accrue, ces batteries sont conçues pour être plus sûres et plus durables. Elles sont structurées de manière à réduire la distance que l’énergie doit parcourir à l’intérieur de la batterie, ce qui améliore l’efficacité et réduit la chaleur générée pendant la charge et la décharge. Cela améliore potentiellement la durée de vie de la batterie. Nous verrons à l’usage.
Tesla travaille également à réduire le coût de production de ces batteries, ce qui pourrait rendre les voitures électriques plus abordables à l’avenir. En effet, la production de ces batteries 4680 serait moins coûteuse en énergie de 70% par rapport aux usines traditionnelles.
A la fin 2022, Tesla annonçait avoir fabriqué 868 000 cellules au format 4680 en une semaine, ce qui équivaut environ à 1 000 véhicules essentiellement des Model Y. Ces nouvelles batteries plus efficientes seront utilisées bientôt pour les Cybertrucks d’après INSIDEEVs.fr.
Combien de temps sont garanties les batteries ?
Dans l’immense majorité des cas, les batteries sont garanties 8 ans ou 160 000 km à l’exception des Tesla Model 3 grande autonomie et des modèles S et X, ainsi que la Mercedes EGS et la dernière Lexus avec 1 000 000 de km !
En d’autres termes, cela veut dire que durant 8 ans pour un maximum de 160 000 km parcourus (pour la garantie la plus commune), votre batterie est couverte pour les défauts de fabrication ou les pannes. Mais il y a aussi la garantie en cas d’usure trop rapide de la batterie.
Comment fonctionne la garantie d’usure prématurée de la batterie ?
L’usure prématurée de la batterie est aussi couverte avec des chiffres constructeurs qui varient (voir le tableau ci-dessous).
Prenons l’exemple d’une Peugeot e-208. Si, durant la période de garantie de la batterie, qui est de 8 ans, la capacité énergétique nette de la batterie descend en dessous de 70% de sa capacité initiale lors de la livraison à l’acheteur, alors la garantie de la batterie peut être activée. Pour comprendre comment s’applique cette garantie, il est essentiel de se référer aux termes spécifiques de la garantie de votre véhicule.
On parle de “garantie de perte excessive de capacité de la batterie”.
Quelques exemples de garanties de batteries
Modèle de voiture | Garantie de la batterie | Garantie de perte excessive de capacité de la batterie (SOH: State of Health) |
Renault Zoé | 8 ans 160 000 km | 66 % |
Peugeot e-208 | 8 ans 160 000 km | 70 % |
Dacia Spring | 8 ans 120 000 km | 75 % |
Tesla Model 3 Grande autonomie | 8 ans 192 000 km | 70 % |
Tesla Model 3 / Y Propulsion | 8 ans 160 000 km | 70 % |
Tesla Model S / X | 8 ans 240 000 km | 70 % |
Audi e-tron Q4 / Q8 | 8 ans 160 000 km | 70 % |
Les BMW électriques | 8 ans 160 000 km | – |
Mercedes EQS | 10 ans 250 000 km | – |
Lexus UX300e | 10 ans 1 000 000 km | 70 % |
Hyundai Kona / Ioniq 5 | 8 ans 160 000 km | 70 % |
Kia EV6 | 7 ans 150 000 km | 65 % |
Dans tous les cas, la durée de vie de la batterie ne doit pas être un critère d’inquiétude pour l’achat d’une voiture neuve et récente.
En revanche, pour l’achat d’une voiture d’occasion la question est toute autre. Si la batterie n’est plus sous garantie, il faut impérativement faire diagnostiquer son SOH (State of Health) pour voir quel est son état en pourcentage.
L’État de Santé (SOH) est un indicateur clé qui tient compte du vieillissement des cellules de la batterie.
Pourquoi les voitures électriques décotent rapidement alors ?
Les voitures électriques ont une décote plus rapide que les voitures thermiques, perdant en moyenne 50% de leur valeur plus rapidement que les voitures essence et environ 20% plus vite que les voitures diesel.
Plusieurs facteurs contribuent à cette dépréciation, tels que la marque et le modèle du véhicule, la demande sur le marché de l’occasion, la durée de vie de la batterie et l’émergence de nouveaux modèles.
Les Tesla “décotent” moins vite
Les voitures électriques haut de gamme, comme Tesla, conservent généralement mieux leur valeur, tandis que les incertitudes concernant l’infrastructure de recharge et les politiques gouvernementales peuvent également influencer la décote.
L’offre croissante de voitures électriques d’occasion et l’évolution rapide du marché, en particulier en ce qui concerne les capacités des batteries, peuvent également contribuer à la dépréciation.
Les aides gouvernementales, telles que la prime à la conversion et le bonus écologique, peuvent également faire baisser la valeur de revente.
Quid du future de l’électrique vis-à-vis de politiques publiques
Le bonus écologique va-t-il durer ? L’électrique est-elle vraiment “bonne” pour l’environnement ? Allons-nous avoir un malus au poids pour une voiture électrique ?
En ce qui concerne l’impact environnemental des voitures électriques, la situation est contrastée. Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), bien que les véhicules électriques aient un impact environnemental nettement moindre que leur équivalent thermique (en France), ils ont tout de même un impact non négligeable.
Par exemple, la production d’une voiture électrique, et notamment celle de ses batteries, émet des gaz à effet de serre. Avant même d’avoir roulé le moindre kilomètre, une voiture électrique a donc une “dette” carbone de 5 à 15 tonnes équivalent CO2, selon les modèles. Cette empreinte est environ 2 fois supérieure à celle d’un équivalent thermique.
C’est donc à l’usage que l’intérêt de la voiture électrique apparaît. La voiture électrique émet incomparablement moins de CO2 qu’une voiture thermique qui roule en brûlant de l’essence. Ceci est particulièrement vrai si la production d’électricité est décarbonée (issue du nucléaire ou de sources renouvelables), ce qui est plutôt le cas en France.
Au fil des kilomètres, la voiture électrique prend donc l’avantage en termes d’émission de CO2. Pour une berline compacte, le point de bascule se situerait aux environs de 70 000 km, à 200 000 km le bilan carbone est divisé par deux.
Avec un mixte énergétique vertueux, du moins d’un point de vue du bilan carbone, la voiture électrique avec un poids “modeste” (oui les voitures électriques sont lourdes), peut s’avérer être un choix durable, économique et vertueux pour les trajets quotidiens. Néanmoins il subsiste des questions essentielles en terme de praticité et de coût. Le temps de recharge et le réseau de bornes est un premier frein, le coût de l’électricité aussi.
Une étude récente réalisée par l’Ifop révèle que malgré une offre de plus en plus variée et un contexte réglementaire favorable (bonus écologique, prime à la conversion, ZFEm) les Français hésite à passer à l’ électrique. En effet, seulement 26% des Français envisagent d’acquérir un véhicule électrique, soit une baisse de cinq points par rapport à 2022.
Toujours selon l’étude de l’iFop, les principaux freins à l’adoption sont le prix, l’autonomie et les bornes de recharge. Pour près de trois Français sur quatre (73%), un prix moins élevé constituerait un déclencheur d’achat. Enfin, les Français sont de plus en plus sceptiques vis-à-vis des bénéfices environnementaux de la voiture électrique, avec seulement 42% des personnes interrogées qui estiment que la voiture électrique est bonne pour l’environnement, contre 58% début 2022. Aie.