La fatigue au volant est un facteur de risque souvent négligé, elle représenterait pourtant un danger similaire à l’alcool. D’après une méta-analyse australienne parue dans Nature and Science of Sleep regroupant les résultats de 61 études, le manque de sommeil doublerait le risque d’avoir un accident de la route.
Les dangers de la fatigue au volant
Ce sont les chiffres à retenir.
- 20% des accidents de la route seraient imputables à la fatigue (source : fatigue an driving an international review) ;
- Dormir entre 4 et 5 heures la nuit précédente multiplierait par 2 les risques d’avoir un accident ;
- Le risque d’accident augmenterait considérablement à mesure que les heures de sommeil perdues de la nuit précédentes s’accumulent. Ce risque pourrait être multiplié par 15 pour les gens n’ayant pas dormi ou dormi moins de 4h ;
- Sur autoroute, 1 accident mortel sur 3 est du à la somnolence (source : Sécurité Routière) ;
Un danger “similaire” à l’alcool au volant ?
L’étude insiste sur le fait que la fatigue serait un danger comparable à la conduite en état d’ivresse et surtout sous-estimé car les politiques de sensibilisation ne se concentrent rarement sur la quantité et la qualité du sommeil. Dormir entre 4 et 5 heures augmenterait le risque d’accident de manière similaire à un taux de 0,5g/L de sang.
L’alcool au volant est sanctionné par une amende, un retrait de points voire un retrait de permis en cas d’infraction délictuelle. De telles dispositions n’existent pas dans le Code de la route pour la fatigue et pour cause, la fatigue n’est pas testable.
Quelle est la durée minimale de sommeil pour conduire ?
Les chercheurs ont étudié la possibilité de déterminer une durée minimale de sommeil pour réduire les risques liés à la fatigue.
Sur la meta-analyse des 61 études, les auteurs estiment qu’une baisse de l’attention modérée se produit à partir de 6h et 7h de sommeil. Rappelons que les français dorment en moyenne 7h16 en semaine et 7h52 le week-end d’après une enquête réalisée par Opinonway pour l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). Ce chiffre est moins important pour les parents d’enfants dont l’âge est compris entre 6 mois et 10 ans avec 6h54 la semaine et 7h39 le week-end en 2022.
L’étude montre que la durée de sommeil idéale se situe à plus de 8h de sommeil. 67% des français dorment moins de 8h et surtout 20% dorment moins de 6h.
Comment contrôler la fatigue sur la route ?
C’est là toute la difficulté de la chose. Pour l’alcool on a l’éthylomètre, pour certaines drogues comme le THC il y a les tests salivaires. Aucun test n’existe pour évaluer la fatigue et encore moins la quantité de sommeil. Il faut donc aller bien au delà du contrôle et parler prévention du risque.
La première piste est une campagne de communication axée sur la nécessité de bien dormir ou de faire une pause est aujourd’hui possible. On se souvient dans la campagne “Toutes les 2 heures, la pause s’impose.”
La deuxième est une politique pro-active de technologiques et systèmes embarqués permettant grâce notamment à des intelligences artificielles de détecter la somnolence notamment sur autoroute. Il y a bien longtemps, nous avions évoqué la bague Stop sleep mais il est aujourd’hui possible d’aller plus loin.
Les signes de fatigue sont facilement identifiables, tels que les bâillements, les yeux qui piquent, la nuque raide, et la position assise inconfortable. Les constructeurs automobiles ont développé des systèmes de sécurité pour avertir et protéger les conducteurs.
- La fonction « Attention Assist » est la technologie la plus répandue, elle affiche un petit message sur le tableau de bord et signale une alarme sonore pour encourager le conducteur à faire une pause après deux heures de conduite ;
- La technologie « Lane Assist » est système de détection et de franchissement des lignes en plus de caméra qui analysent les signes de fatigue du conducteur ;
- Des boîtiers d’alerte somnolence ont également été développés, ils analysent les signes de fatigue sur le visage du conducteur grâce à un système de reconnaissance faciale ;
Fatigue ou somnolence, quelle différence ?
Il est important de bien distinguer la fatigue de la somnolence.
La fatigue est caractérisée par la difficulté à rester concentré, des picotements dans les yeux, des douleurs dans la nuque et le dos, ainsi qu’un regard fixe. La somnolence, quant à elle, se manifeste par des bâillements et des paupières lourdes, avec le risque d’endormissement qui entraîner des périodes de “micro-sommeils” de 1 à 4 secondes.
Rappels sur les médicaments pour la conduite
Les médicaments constituent un autre facteur de risque important en matière de sécurité routière. Les molécules prescrites pour traiter l’anxiété (benzodiazépines), la dépression (antidépresseur), les troubles du sommeil ou les douleurs chroniques, peuvent altérer les facultés de concentration, la coordination, la réactivité et la vigilance.
De plus, la prise de médicaments en association avec de l’alcool ou d’autres substances peut potentialiser les effets, augmentant ainsi les risques d’accidents de la route.
Depuis 2005, il existe un classement pour indiquer l’impact potentiels des médicaments sur la conduite avec 3 niveaux d’avertissement (Vidal) :
- Niveau 1 : « Soyez prudent. Ne pas conduire sans avoir lu la notice. » ;
- Niveau 2 : « Soyez très prudent. Ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé. »
- Niveau 3 : « Attention, danger : ne pas conduire. Pour la reprise de la conduite, demandez l’avis d’un médecin. »
Quels sont les conseils avant de prendre le volant ?
- S’assurer d’un repos suffisant avant de conduire. Il est conseillé de partir reposé avant de prendre la route des vacances ou d’effectuer un long trajet, si possible avec un jour de repos avant ;
- Ne pas prendre le volant si l’on a dormi moins de cinq heures la nuit précédente ;
- Faire des pauses régulières lors de longs trajets pour éviter la fatigue, toutes les 2 heures ;
- Ne pas essayer de lutter contre la fatigue, au moindre signe de somnolence : on s’arrête !
- Faire attention aux médicaments qui peuvent induire une baisse de la vigilance sur la route (voir les indicateurs de niveau 1, niveau 2, niveau 3 mis en place depuis 2005) ;
- Ne pas conduire au-dessus des limitations de vitesse, car cela induit une fatigue supplémentaire ;