L’organisme indépendant Euro NCAP évalue régulièrement la résistance des véhicules aux crash-tests. Récemment, ce dernier a évalué la sécurité de 4 quadricycles (à l’image du Renault Twizy). Les résultats ont mis en lumière de graves lacunes en cas de collision.
Réglementation des quadricycles
Les quadricycles lourds sont des véhicules à 4 roues dont la masse ne dépasse pas 400 kg et la puissance n’excède pas 15 kW (20,4 chevaux). La conduite de ce type de véhicule nécessite l’obtention du permis B1.
Si l’homologation des quadricycles doit répondre à quelques critères de sécurité tels que la forme de la carrosserie (absence d’arêtes vives par exemple) ou la présence de feux de signalisation, la mise sur la route reste relativement simple au point d’être accessible à un particulier.
Beaucoup de ces quadricycles lourds sont disponibles aussi en quadricycle léger. Pour conduire ces derniers, il n’existe aucune autre condition que celle d’être âgé de 16 ans (personnes nées avant 1988) et de posséder un permis AM (conducteurs nés à partir de 1988). L’obtention de ce dernier nécessite l’attestation de sécurité routière (obtenue normalement en classe de 5ème ou dans un centre de formation pour adultes) et 7h de formation à la conduite sans examen final.
La sévérisation du permis à points a conduit de nombreuses personnes, privées de leur permis B, à envisager l’acquisition d’un quadricycle léger pour conserver un minimum de mobilité.
D’autre part, les lignes de certains quadricycles, tout comme leur tarif, incitent à les comparer à des citadines telles que la Smart Fortwo, voire la Renault Twingo, certes plus puissantes, mais aussi plus lourdes. Quel est dès lors l’impact en matière de sécurité ?
Crash-test des quadricycles : une méthodologie adaptée
L’Euro NCAP a développé deux types de tests pour évaluer la sécurité des quadricycles. Ils sont dérivés des tests réalisés pour les voitures particulières.
Le premier consiste en un choc frontal sur toute la largeur du véhicule, ce dernier étant lancé à la vitesse de 50 km/h. A titre de comparaison, le crash test frontal effectué sur les voitures consiste à réaliser un choc à la vitesse de 64 km/h sur 40% de la largeur du véhicule : il s’agit d’un test bien plus sévère.
Le second consiste en un choc latéral : il s’agit d’une barrière projetée sur le flanc du véhicule à la vitesse de 50 km/h. En plus de ce test, les voitures particulières doivent passer le test du poteau. Un obstacle de 25 cm de diamètre est projeté à la vitesse de 29 km/h sur le flanc du véhicule.
Crash-test des quadricycles : quels enseignements ?
Quatre quadricycles ont été testés : La Club Car Villager 2+2 (s’apparentant à une voiturette de golf), la Ligier IXO, le Renault Twizy et la TazzariZero.
Hormis pour le Renault Twizy, les 3 autres quadricycles ont montré de graves déficiences dans la résistance au choc de leur châssis lors des chocs frontaux.
Outre un châssis montrant des signes évidents de détériorations majeures, l’un des pack de batteries de la TazzariZero a été repoussé dans l’habitacle au niveau des pieds pouvant alors causer de sérieuses blessures. Plus grave encore : si le quadricycle est bien équipé de ceintures de sécurité à 3 points (comme dans une voiture), l’attache supérieure (fixée au montant central) a rompu : la tête du mannequin vient donc impacter directement le volant causant des blessures mortelles.
Même sanction pour Ligier : le châssis s’est largement déformé sous l’effet du choc frontal et l’ancrage supérieur de la ceinture de sécurité n’a pas non plus résisté au choc. Pire : le siège conducteur a été gravement détérioré à l’origine du sous-marinage du mannequin (le conducteur glisse sous la ceinture de sécurité).
Il faut rappeler que la TazzariZero peut atteindre la vitesse de 100 km/h tandis que la Ligier se contente de 70 km/h. Les chocs frontaux ont été réalisés à des vitesses plus faibles et dans des conditions idéales, à savoir sur toute la largeur du quadricycle.
Les résultats de la Twizy sont quant à eux bien plus prometteurs : le châssis ne montre pas de signe de détérioration excessive et la ceinture de sécurité à 4 points à parfaitement joué son rôle. De plus, le volant est équipé d’un airbag, ce qui permet de réduire les lésions potentielles à la tête en cas de choc frontal. Toutefois, Euro NCAP a noté que des progrès pourraient être fait pour mieux protéger les jambes du conducteur ainsi que le cou du conducteur soumis à de fortes contraintes.
Concernant les chocs latéraux, il était attendu des résultats moyens pour le Twizy compte tenu de son absence de protections latérales : les crash-tests l’ont confirmé. La Ligier et la Tazzari auraient pu se distinguer à ce chapitre. Las, la Ligier a perdu sa portière lors de l’impact et celle de la Tazzari s’est ouverte, exposant alors fortement le conducteur. Le cas de la Ligier est d’autant plus problématique que les attaches du siège se sont rompues et que le montant central a été fortement endommagé.
Conclusion
Seul le Twizy semble avoir été bien conçu et adapté à un usage quotidien avec un niveau de sécurité suffisant. Equipé d’un airbag et d’une structure suffisamment résistante, il peut être considéré comme un véhicule se substituant à une voiture classique. Il reste des points d’améliorations notamment en cas de choc latéral.
Le cas de Ligier et de Tazzari est beaucoup plus symptomatique. Leur carrosserie, tout comme leur équipement pourrait laisser croire qu’elles ont été conçues comme une voiture. Dans les faits, il n’en est rien et la fiabilité de ces quadricycles en cas de choc paraît très aléatoire pour éviter des blessures graves à leurs occupants.
Le résultat est d’autant plus inacceptable pour Ligier qui met en avant sa technologie maison Ixiotech : le quadricycle de Ligier aurait fait l’objet de crash-tests virtuels et réels selon les dires du constructeur. Il est dès lors incompréhensible que les points d’ancrage des ceintures et des sièges aient cédé lors de la campagne de test de l’Euro NCAP, ce qui représente tout de même le B-A-BA en matière de crash-test.
Il convient donc de bien réfléchir avant l’achat de ce type de véhicule, notamment lorsque le conducteur vient de perdre son permis B. Les quadricycles légers, à quelques exceptions près, n’offriront jamais le même niveau de sécurité qu’une voiture, soumise à des normes bien plus drastiques.
Crédits photos : Euro NCAP / Ligier / Renault
Article écrit par Guillaume Darding : http://www.guillaumedarding.fr/